Voiture...C'est quoi ce truc ?

AVERTISSEMENT : toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite et indépendante de notre volonté.

Rester 56 jours chez soi sans jamais reprendre le volant, est une situation à laquelle André n'imaginait pas être confronté.

Le 16 mars, il avait fait ses dernières courses alimentaires sans oublier le PQ, évidemment, pour tenir si possible une dizaine de jours, ce qui a été le cas. Et les jours ont succédé aux nuits, ses voisins toujours aussi aimables s'étant proposés pour faire ses courses alimentaires et même se rendre à la pharmacie à sa place. André a donc été protégé durant toute cette période de confinement de tout contact potentiel avec monsieur Covid-19, horrible personnage, antipathique au possible, qui fait trembler l'humanité depuis plusieurs mois.

Après le confinement du 17 mars est venu le début du déconfinement progressif du 11 mai. André a donc décidé de remonter dans l'engin à 4 roues qui fait vroum vroum, comme une reprise de contact avec un vieil ami parti s'installer à l'étranger.

Bon début, après avoir vérifié par acquis de conscience que la voiture n'était pas tractée par des chevaux, il n'a pas trop hésité quand il a fallu ouvrir une porte du véhicule pour s'installer à l'intérieur. Il s'est directement mis à la place du conducteur et ses mains ont retrouvé les gestes d'antan. Enfin presque. Il pleuvait. Première difficulté. Faire fonctionner les essuie-glaces. "Mais c'est où ce foutu… !". Passons sur la dialectique née de l'angoisse de ne pas y arriver. Le sens inné de la logique d'André a permis d'effacer les gouttes d'eau sur la vitre de devant (depuis il s'est souvenu qu'on disait le pare-brise) grâce aux balais caoutchoutés. "Vachement bien", se dit-il avant de commencer à retrouver ses esprits

Restait à faire avancer l'automobile, qui comme son nom l'indique, se mue seule. Ou presque. La voiture sans chauffeur existe mais elle n'est pas encore commercialisable. Et avec un André à peine déconfiné, ce n'est même pas la peine d'y penser… Trop compliqué pour lui.

Le souvenir de la clé de contact lui est revenu. Les gestes indispensables à la mise en route du véhicule retrouvés, il a enfin pu se jeter à l'eau et commencer à faire avancer l'engin. Premier lâcher d'embrayage et la voiture a brouté et s'est immobilisé, moteur éteint ! Qu'à cela ne tienne, en faisant appel à tous ses talents, André a pu finalement prendre la route. Le terme est à prendre au premier dégré. Il a pris TOUTE la route ! Car maîtriser l'accélérateur et le volant en même temps, c'est comme chanter en jouant de la guitare. Ça s'apprend !

Après quelques écarts de conduite, pas ceux du confinement (apéros-repas-apéros), il a trouvé un équilibre acceptable qui lui a permis de reprendre pied et de se mêler à la circulation, fort heureusement peu dense en ces temps de télétravail et de chômage partiel.

Reste maintenant à attendre l'occasion de se retrouver dans un embouteillage pour retrouver tous les vieux réflexes… "Piment ! Sale c… !", bref, le vocabulaire moyen de l'automobiliste ! A moins que le monde d'après soit déjà en cours de création…

Claude